Absolument pas!
En tous cas aujourd’hui nous n’avons aucune preuve qu’un régime 100% végétal soit plus bénéfique qu’un régime contenant un peu de produits animaux. Par contre, nous savons qu’un régime 100% végétal peut tout à fait être optimal.
Pour ceux d’entre vous qui connaissent mon blog, vous savez que je ne partage que des informations scientifiques indépendantes et à jour. Notre but chez Plantastique n’est pas tant de pousser les gens au véganisme, mais plutôt de proposer des informations de qualité pour faciliter la vie à ceux et celles qui désirent le devenir, ou qui veulent réduire leur consommation de produits d’origine animale.
Lorsqu’une personne décide d’écouter sa conscience, et que sa santé et celle de ses proches en dépendent, il est particulièrement important de prendre des décisions réfléchies et informées.
Comme très peu de diététicien.ne.s et nutritionnistes sont formé.e.s correctement en nutrition végétale, j’ai pris la décision il y a des années de créer Plantastique pour répondre à la demande. Le fait est que les diététicien.ne.s ont une bonne formation de base, mais très incomplète (voire carrément manquante, et/ou mensongère) en ce qui concerne l’alimentation 100% végétale.
En effet, les formations reconnues sont toujours agréées par les associations nationales de diététiques, et elles sont toujours et partout sponsorisées par les lobbies agro-alimentaires.
- Impossible pour eux de partager des informations correctes et indépendantes.
Ceci ne veut pas dire que tout est faux, mais qu’il faut aller contrôler les sources utilisées pour arriver à des conclusions valables. Ceci demande du temps, une bonne base de connaissances scientifiques et d’anglais pour lire la recherche.
Et que simplement, si l’on ne s’est pas éduqué.e chez les spécialistes renommé.es en nutrition végétale, on ne peut pas être au point en matière de nutrition végétale.
Qui suis-je pour vous parler de ça
Je suis chiropraticienne de formation, et le cursus universitaire médical (bachelor, master, doctorat, post-grade spécialiste) était le seul de la branche médicale universitaire à inclure la nutrition sur toute la durée (9 ans de médecine, donc). Aujourd’hui la formation est accessible entièrement en Suisse et malheureusement, comme pour tous les autres branches de la médecine, il n’y a quasiment plus de formation de nutrition.
- Et oui, nous sommes une des 5 branches de la médecine en Suisse, prise en charge par l’assurance de base sans délégation, pour ceux qui se posent la question 😉
J’ai donc une bonne base de nutrition, et comme tous les diététicien.ne.s, j’ai appris cette nutrition réductionniste qui nous dit que la meilleure source de calcium est dans les produits laitiers, que la viande nous donne un apport optimal de “protéines complètes”, et que les oméga 3 ne sont de bonne qualité que dans le poisson.
J’ai aussi appris la physiologie et biochimie liée à la digestion, aux maladies chroniques, etc… Tout n’est pas mauvais, mais tout est incomplet lorsque l’on parle de nutrition.
Un jour je me suis demandé pourquoi je recommandais aux gens de manger de la “viande blanche”: un peu mais pas trop. Sans vraiment savoir ce que “un peu” “mais pas trop” représente vraiment.
Pourquoi les produits laitiers “c’est pas très sain”… mais on en aurait quand même besoin pour le calcium. En omettant de souligner que la vache qui a produit ce lait a obtenu son calcium par les plantes qu’elle a consommé avant de mourir inutilement. Et que d’ailleurs le lait est un aliment pour bébé, une fois sevré les mammifères n’en ont plus besoin. Et en particulier pas celui d’une autre espèce.
Pourquoi les oméga 3 ne seraient de qualité que dans le poisson, alors que ces mêmes oméga 3 viennent des micro-algues que celui-ci consomme… et qu’il est tellement pollué que l’on recommande aux femmes enceintes de ne pas en manger. Mais pour nous autres pas enceintes, ce serait sain!
- Et qu’en plus, on est en train de vider les océans, les lacs et les rivières, nous amenant directement vers une catastrophe écologique sans précédent.
Bref. Tout ceci pour vous dire qu’un jour j’ai réalisé que le message était confus, incorrect et ne voulait pas dire grand chose.
A part donner bonne conscience à tout le monde, leur dire ce qu’ils ont envie d’entendre: “mangez de tout avec modération”, je ne donnais aucun conseil valable ou utile.
Croyez-moi, à peu près tous.tes mes patient.e.s, quel que soit leur état de santé, me disent manger sainement: de tout avec modération.
- “ De tout avec modération”. La phrase la plus nulle du monde qui ne donne aucune notion de ce qui est sain ou pas, de ce que la personne mange ou ne mange pas.
- Un peu comme le végétalisme en fait. Rien de précis ou de mesurable.
Donc, non, pas besoin d’être végane pour être en bonne santé
Et oui, même les véganes tombent malades et attrapent des maladies chroniques. Nous avons tous un certain bagage génétique et d’autres facteurs que nous ne maîtrisons pas, et un certain temps de vie avant d’avoir changé notre alimentation: personnellement, quand je pense à la quantité de produits laitiers que j’ai consommé jusqu’à mes 30 ans, j’ai un peu soucis!
Et surtout, lorsque quelqu’un me dit être végane, je sais uniquement ce que cette personne ne mange pas… je pourrais donc avoir en face de moi quelqu’un qui se nourrit principalement de frites et de biscuits! Clairement, pas un régime optimal!
Ce que nous savons aujourd’hui, en accord avec la science indépendante de qualité, est qu’une alimentation optimale est principalement végétale: autour de 90-95% des calories devraient être d’origine végétale, le plus possible sous forme complète.
Nous pouvons baser ces informations sur de grandes et longues études comme celles des Zones Bleues (1), les Adventist Health study I et II (2), et l’ EPIC Oxford study (3). Il y en a bien sûr beaucoup d’autres, mais ces études en particulier sont à large échelle, longue durée et explorent la population générale.
La seule question encore ouverte
Seul le poisson semble potentiellement amener quelques bénéfices dans les groupes qui ne mangent pas d’autres produits animaux. A savoir qu’en règle générale ces personnes-là le font pour des questions de santé et non d’éthique. Ils.elles ont donc une alimentation bien plus complète et qualitative que les autres groupes, y compris les véganes.
Il n’existe à ce jour aucune étude comparant une alimentation 100% végétale et complète à une alimentation complète incluant du poisson. Nous ne pouvons donc que faire des suppositions. Le seul avantage du poisson par rapport à la viande est son apport en oméga 3 (qui vient des micro-algues qu’il consomme, non de sa production personnelle). Donc la solution simple pour une alimentation éthique et saine, est prendre un complément d’oméga 3 végétal, si les tests sanguins montrent une carence. A savoir que l’on trouve aussi les oméga dans les graines de lin et de chia, et dans les noix.
Une image plus globale
Si l’on regarde les choses plus largement, il est aujourd’hui aberrant et dangereux de recommander une alimentation carnée qui va finir par détruire notre écosystème.
Au-delà des questions éthiques qui ne semblent pas être suffisantes pour une bonne partie de la population, la question environnementale est aussi pressante qu’alarmante.
La solution simple et applicable rapidement est expliquée par la commission d’enquête EAT Lancet (4,5) (un des journaux médicaux les plus réputés au monde): Il faut une transition vers une alimentation principalement végétale pour le monde entier. Les aliments qui nous apportent le plus de nutrition sont aussi les aliments qui produisent le moins de gaz à effet de serre. Une situation gagnante pour tout le monde, donc.
- Les 11’000 scientifiques qui ont participé à ce document nous pressent de changer nos habitudes si nous souhaitons laisser un monde habitable pour les jeunes d’aujourd’hui.

Working toward Healthy and Sustainable Diets: The « Double Pyramid Model » Front Nutr. 2015 May 4;2:9-2
Pour finir j’aimerais vous poser 2 questions:
- Ne pensez-vous pas que nous sommes biaisé.e.s à penser qu’il faut manger des produits animaux? Nous partons d’un principe ancré dans l’esprit collectif qui n’a aucun fondement scientifique. La consommation de produits d’origine animale est simplement une très, très longue habitude. Comme la citation le dit: “les gens mangent de la viande parce que les gens mangent de la viande”.
- Si nous pouvons être en parfaite santé, avoir du plaisir et être heureux sans torturer et tuer, pourquoi ne le ferions-nous pas?
A votre Santé,
Dre Laurence Froidevaux
1) https://pnb.payot.ch/ebook/9782412054543-zones-bleues-les-secrets-de-la-longevite-angele-ferreux-maeght-vincent-valinducq/ 2) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4073139/ 3) http://www.epic-oxford.org 4) Ripple WJ, Wolf C, Newsome TM, Barnard P, Moomaw WR. World scientists’ warning of a climate emergency. Bioscience. 2020;70(1):8-12. 5) https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31788-4/fulltext