Le Journal of the American College of cardiology va publier un article intitulé: “Graisses saturées et santé: une reconsidération et proposition pour des recommandations basées sur des aliments: JACC une revue à la pointe de la science.”
Pour une revue qui se veut à la pointe de la science, ce qu’ils sont sur le point de faire est tout simplement honteux.
C’est à cause de ce genre d’articles que la confusion règne dans le monde de la nutrition, parce que les gros titres vont être partagés… mais pas les détails frauduleux et biaisés par le financement!
Les recommandations mises en question:
Alors en résumé, ils nous disent que les graisses saturées sont accusées à tort d’aggraver les maladies cardio-vasculaires et la mortalité totale. Selon eux des études montrent que probablement elles seraient même protectrices contre les AVC (accidents vasculaires cérébraux), et que la consommation de viande augmente un cholestérol à molécules plus grandes et serait moins dangereux que les les plus petites molécules de LDL (LDL = mauvais cholestérol). Ils finissent en disant qu’on ne peut pas continuer d’accuser les graisses saturées sans prendre en compte l’alimentation dans sa totalité. La consommation de viande, produits laitiers, oeufs et chocolat noir ne devrait selon eux, plus être limitée. (aucune idée pourquoi le chocolat noir fait partie du groupe, mais soit.)
Creusons un peu cette question de graisses saturées:
Premièrement, en tous cas 8 des 11 auteurs sont payés par les lobbies du lait et de la viande et/ou reçoivent des financements pour promouvoir les régimes cétogènes et low carb (voir les captures d’écran qui accompagnent l’article).
Sachant que les études montrent qu’il y a un “haut potentiel de biais” lorsque les chercheurs connaissent l’origine du financement de leur étude, nous sommes déjà dans une situation discordante pour obtenir des informations de qualité.
Quand on invente des chiffres pour en faire ce qu’on veut.
L’étude “Low Fat” du Women’s Health Initiative et l’étude PREDIMED qui démontrent qu’un régime faible en graisse ne protège pas contre les maladies sont incorrectes et mensongères: un régime “low fat” (faible en graisse) n’a jamais été atteint dans aucune des deux études. Les participants étaient à plus de 30% de gras dans leur alimentation et on considère faible en graisse moins de 20%, et même plutôt près des 10%! On ne peut donc pas tirer de conclusion sur un régime s’il n’est pas suivi ni contrôlé correctement.
Les résultats de la PURE study sont fortement mis en avant, alors que cette étude démontre les effets défavorables des milieux socio économiques sur la santé. Les personnes au revenu bas ont tendance à avoir une alimentation moins bonne (plus de produits raffinés, transformés, moins de fruits et légumes) que les milieux socio économiques plus élevés. Insinuer que la santé des personnes en milieux socio économiques plus élevés sont favorisée par l’augmentation de la consommation de graisses saturées est une hypothèse grotesque et sans aucun fondement.
Quand on fausse les règles de l’analyse:
Une des autres études citée est régulièrement utilisées par les groupes pro-carnisme.
C’est une étude épidémiologique qui cherche à prouver que les graisses saturées n’augmentent pas les risques cardiovasculaires. En épidémiologie, on doit toujours faire attention aux facteurs confondants car ils peuvent influencer le résultat. Par exemple, dans une étude sur le cancer, on va supprimer les fumeurs car on sait que fumer augmente le risque de cancer.
Ici ils utilisent cette règle en éliminant les sujets qui ont trop de cholestérol car on sait que le cholestérol augmente les maladies cardiovasculaires. Du coups ils n’étudient que les gens qui n’ont pas ou pas encore d’hypercholestérolémie.
Le problème là dedans est que c’est la consommation de graisses saturées qui augmente le cholestérol et donc promeut les maladie cardio vasculaires, ce ne peut donc pas être utilisé comme facteur confondant puisque c’est un mécanisme d’action!
Encore une tactique malhonnête pour fausser les résultats en faveur d’une alimentation carnée.
Dans la situation actuelle
Il est aussi irresponsable de recommander une alimentation carnée sans restriction. Ce mode alimentaire représente une des nuisances principales pour l’environnement, et porte préjudice à l’éthique et au principe de précaution dans le monde entier.
Dans la situation de pandémie actuelle, promouvoir une alimentation riche en produits animaux relève de la négligence: entre la production et la contamination de virus dangereux et la résistance antibiotique, la production de bétail est un vrai danger à l’humanité.
Des années de science indépendante et de qualité
Nous savons depuis les années 60 déjà qu’une alimentation principalement végétale, complète et faible en graisse est bénéfique à la santé cardiaque comme on peut le voir ici et ici.
Nous savons aussi que les populations dans le monde qui ont la meilleure longévité (et donc la meilleure santé) vivent dans les Zones Bleues. La particularité de ces régions est aussi que leur alimentation est très majoritairement végétale et complète. Spécifiquement, on trouve le plus de centenaires en forme à Loma Linda en Californie à ce jour, et ce n’est pas un hasard: la majorité de la population ne mange pas de viande et une bonne partie est même végétalienne.
Mais assez avec les études d’observation, nous avons ici plusieurs études d’intervention qui nous montrent clairement que changer ses habitudes en direction d’une alimentation 100% végétale et complète a des effets positifs spectaculaires et réplicables.
Lorsque les participants adoptent une alimentation végétale et faible en graisse, ils inversent dans la grande majorité leurs risques de maladies cardiovasculaires et les risques des autres maladies chroniques typiques occidentales. C’est une mesure qui fonctionne presque à tous les coups, qui et qui n’a des effets secondaires que positifs: plus d’énergie, moins de douleurs, meilleure humeur, meilleur sommeil, etc.
Un point valable dans leur article quand même:
Pour finir, cet article a quand même une proposition valable et intelligente: nous devons commencer à parler d’aliments plutôt que de nutriments. Lorsque nous nous concentrons à manger du calcium ou des protéines, nous omettons une quantité d’autres composants bénéfiques ou dangereux, au profit du seul nutriment sur lequel nous nous sommes concentrés.
Une alimentation complète végétale est le meilleur moyen d’assurer une bonne santé aux individus, tout en respectant la planète et les animaux.
Si nous pouvons être en pleine forme sans générer de souffrance inutile, pourquoi ne le ferions nous pas?
A votre santé,
Dre Laurence Froidevaux
Sources https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1973470/ (ornish) https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1559827614531391 (CHIP) http://www.dresselstyn.com/site/study05/ (Esselstyn) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23045195/ (cholesterol african 1959) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/13838030/ (Uganda 1960 autopsy myocardial) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/5346899/ (by age 10 almost all have fatty streaks in aorta) https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/648593 (longevity, adventist health study) https://www.payot.ch/Detail/zones_bleues___les_secrets_de_la_longevite-ferreux_maeght_angele-9782412052129?fp=1 les zones bleues (https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6125071/ ) Journal of the american college of cardiology 17 june 2020
1 commentaire. En écrire un nouveau
[…] on y trouve aussi souvent trop de sel, des graisses saturées, des conservateurs et autres colorants, comme pour leurs homologues […]