« Qu’en est-il de la vitamine B12 qui serait apparemment absente dans l’alimentation végane? Il me semble peu naturel de devoir prendre un supplément de vitamine. »
Cette question d’une lectrice est paru dans la revue Veginfo d’automne 2014. Voici ma réponse (quelque peux adapté de l’original) à cette question.
Un style de vie naturel!
Cette question sur la vitamine B12 est tout à fait légitime et intéresse un grand nombre de personnes. Mais tout d’abord, j’aimerais commencer par vous demander ce qu’est un style de vie naturel?
- Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où l’on parcourt des dizaines, voire des centaines de kilomètres par jour.
- Nous nous déplaçons à très grande vitesse sur terre et dans les airs et nous pouvons aller en vacances à l’autre bout du monde.
- Nos horaires de travail sont fixes, été comme hiver, et nous avons l’utilisation courante d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires et de bien d’autres médicaments.
- Nous pouvons remplacer des articulations arthrosées par des prothèses, nous avons l’eau courante, propre et chaude si on le désire.
- Les maisons dans lesquelles nous vivons sont étanches et chauffées ou rafraichies si besoin, nous avons des chaussures, des lunettes de soleil, et du déodorant.
- Nous pouvons manger des mangues et des bananes en Suisse, toute l’année, etc…
J’imagine que vous voyez où je veux en venir!
Je ne pense pas qu’aujourd’hui, en Suisse, il y ait beaucoup de gens qui vivent un style de vie que l’on pourrait appeler naturel.
La question maintenant devient celle de la carence potentielle chez l’omnivore et/ou le végétalien. Et selon les statistiques qui varient un peu d’une étude à l’autre, il est clair que les végétaliens et les personnes âgées sont plus à risque que les autres.
Qu’est-ce que la vitamine B12?
La vitamine B12 est le produit d’une bactérie qui se trouve dans la terre et dans les intestins d’animaux. Nous en produisons d’ailleurs aussi dans le colon, mais elle n’est pas réabsorbée et donc éliminée avec les selles.
Les besoins et les risques de carences
Nos besoins en vitamine B12 sont minimes (2.5-5 mcg/jour), mais très importants, car les carences peuvent causer:
- l’anémie;
- des lésions du système nerveux;
- et à long terme, elles sont aussi liées à des problèmes cardiovasculaires.
Les symptômes préexistants sont:
- la fatigue
- les engourdissements ou fourmillements des membres,
- la diminution de sensation de douleur ou pression,
- les troubles visuels,
- la langue douloureuse,
- une posture et marche anormale.
La meilleure source de vitamine B12
Aujourd’hui, selon les spécialistes de la question B12, l’apport le plus sûr est celui du supplément ou de l’aliment fortifié. D’une part, si on évite les sources animales, on évite:
- les acides gras saturés
- le cholestérol
- les protéines animales nocives
- les hormones
- les antibiotiques
- etc.
et d’autre part, on obtient une source sûre, de bonne qualité.
Il faut aussi noter qu’aujourd’hui l’alimentation du bétail est supplémentée au même titre que la nôtre (donc pas très « naturel » non plus), probablement car nous vivons dans un monde tellement hygiénique que les microorganismes qui devraient produire la vitamine B12 sont éliminés de nos assiettes (et de celles des animaux) par notre environnement stérile.
A l’époque, il est bien possible que lorsque l’on buvait l’eau d’une source et qu’on mangeait des légumes sortis de terre, on ingérait de petites quantités de bactéries, donc de B12 aussi.
C’est d’ailleurs comme ça que nous cousins primates herbivores obtiennent leur B12 dans la nature:
- par les insectes
- la terre
- l’eau
- et même leurs excréments
Il y a d’ailleurs une étude qui avait été faite par le Dr Callender (1) dans les années ’50, dans laquelle elle a sélectionné des volontaires végétariens en carence de B12, leur avait fait récolter leurs excréments et en manger une partie. Chaque sujet fut guéri de sa carence!
Pour ceux qui veulent vraiment rester au plus naturels, c’est peut-être une solution. Mais attention, car il y a aussi des bactéries dangereuses dans les selles… là encore, le supplément reste la source la plus sûre.
Le dosage
Donc, pour la pratique, nous avons besoin de suppléments 250 µg/jour de vitamine B12, et souvent les suppléments offrent un apport de 500 à 1000 µg par pastille. Il n’est donc pas nécessaire d’en prendre tous les jours.
Il faut aussi prendre en compte qu’il y a des aliments fortifiés en B12, comme certaines céréales et laits végétaux, donc selon son alimentation, on peut aussi réduire le nombre de suppléments à prendre.
Donc en conclusion
Aujourd’hui, pour être en santé, on ne peut pas s’arrêter à l’individu. Notre façon de vivre doit refléter notre volonté de participer à la survie de la planète, et des êtres vivants qui la peuplent. Il n’y a donc rien de naturel à l’abomination des usines à animaux (et si 6 milliards de personnes veulent des produits animaux, il n’y a aucune autre alternative possible à ces usines).
Nous devons nous adapter à notre époque et faire au mieux pour diminuer notre impact sur l’environnement, tout en utilisant un moyen fiable et sûr pour obtenir cette vitamine B12; sans cruauté, sans souffrance et sans dégât écologique. Le supplément reste donc le meilleur apport, autant pour notre santé que pour celle de la planète.
Article original paru dans Veginfo, Edition 74, automne 2014.
4 commentaires. En écrire un nouveau
Merci pour votre article Laurence. Toujours très clair et bien documenté. Avez-vous des informations à nous partager concernant l’analyse du taux de B12? Je connais le débat sans fin entre le test sanguin et urinaire, tous les médecins et thérapeutes ne sont pas d’accord avec la méthode à utiliser et leur fiabilité. En France le test B12 urinaire n’est pas trop connu, du coup c’est un peu compliqué a faire analyser. Merci beaucoup!
Bonjour Gaelle,
Je vous rassure, en Suisse c’est pareil et en général les médecins n’aiment pas qu’on leur disent quoi faire, ce que je peux comprendre, mais moi je leur demanderais simplement de se renseigner sur le sujet. Ca fait quand meme partie de leur devoir d’être à jour après tout.
Donc en général le standard c’est de tester le sang ici aussi. En principe un test qui montre une carence veut effectivement dire carence, mais c’est pour les tests sanguins dans les normes qu’il peut y avoir problème surtout avec consommation de spiruline qui est un analogue. Donc ce que je vous conseille c’est que si le test sanguin est dans les normes et que vous avez un doute, achetez le test urinaire sur internet (on le trouve un peu partout) et envoyez-le dans un laboratoire fiable.
J’espère que cela vous aide 🙂
Je comprends très bien votre point de vue, que je partage. Vegan pour moi il y a encore 6 mois c’était des gens bizarres, alors que j’étais déjà convaincu que l’on mangeait trop de viande depuis longtemps, cela ne pouvait pas durer. Jelevais quelques poulets et je peux vous dire que quand il faut les tuer, c’est différend. Du coup, on respecte les animaux et on en mange beaucoup moins. Si les viandards devaient élever, tuer, dépecer, vider et découper eux mêmes leurs animaux je suis sur qu’ils n’en mangeraient peut être même pas… Maintenant je consomme beaucoup plus de légumes et de moins en moins de viande. C’est progressif. j’admire tous ceux qui s’en passent. Mais il n’y a pas que ça: il y a tout le reste (plastique, pretrole, déplacements,égoïsme ambiant, consommation,violence…etc…) Alors il faut persévérer. Bon courage a tous
C’est un processus qui prend plus ou moins de temps pour chacun, mais effectivement je suis sûre que si chacun devait tuer des animaux pour les manger, il y aurait bcp moins de « viandards »! et oui, le problème n’implique pas que les animaux, mais tout notre style de vie.
Bravo pour votre prise de conscience, et tout le meilleur pour la suite!